Je ne suis pas une fan de religion. Je me considère comme une personne plutôt athée. Par contre, je suis extrêmement curieuse. Cela m’amène à vouloir en savoir plus sur les gens et sur leurs croyances en ayant une ouverture d’esprit. Tant qu’on ne cherche pas à m’enrôler ou à me convaincre, tout va bien! C’est dans cet esprit-là que je suis heureuse d’intégrer Aïcha dans mon équipe de collaborateurs. Elle amènera son point de vue sur différents sujets sans chercher à nous convaincre. Bref, c’est une bonne occasion pour s’ouvrir à l’autre et même si ce n’est pas toujours facile, essayer de comprendre un point de vue qui n’est pas toujours le nôtre. N’hésite pas à lui poser des questions en commentaires si tu en as! – Annick

 

Qui suis-je?

Je m’appelle Myrianne et je suis convertie à l’Islam. Simple, comme ça! Mais ce n’est qu’une facette de ma vie. Avant de me convertir, il y a six ans maintenant, j’ai eu toute une vie. Comme toi, je me suis énormément cherchée à l’adolescence. La spiritualité n’a pas fait exception. En effet, dès mon primaire, je me questionnais sur la relation qu’il est possible d’avoir avec Dieu. Notamment, en ce qui a trait au fait de parler à Dieu par l’intermédiaire de quelqu’un. Je me suis considérée comme athée très longtemps. Jusqu’au moment où j’ai rencontré des musulmans quelques années après mon arrivée à Montréal et l’échec d’un premier mariage. Il faut dire que je viens d’un tout petit village où il y a peu de diversité. Donc, la connaissance de l’autre ne faisait pas partie de l’éducation que j’ai reçue quand j’étais enfant.

Montréal et mon métier d’éducatrice, à l’époque, m’ont permis d’ouvrir mes horizons. Ce qui fait qu’aujourd’hui, après 15 ans à Montréal, je suis retournée à l’Université faire un baccalauréat avant ma conversion et que maintenant je suis à la maîtrise. Entre temps, je m’étais convertie.

 

Pourquoi choisir de parler de ma conversion?

Avant de tenir un blogue, je parlais très peu de ma conversion. À part les gens qui me posaient des questions et quand c’était vraiment nécessaire. Pourquoi? Parce que je croyais que c’était quelque chose qui n’intéressait personne. Mais en mars 2017, La Presse avait demandé au public d’écrire un texte personnel sur un événement qui pourrait être considéré comme une renaissance dans leur vie personnelle. C’était avant d’être un peu plus active sur mon blogue. Et comme cela laisse beaucoup de place à interprétation, je me suis lancée dans l’aventure. Je me suis dit que comme chaque parcours de vie est différent, pourquoi ne pas m’essayer. Mais bon, La Presse n’a pas retenu mon texte. Peut-être que de parler de conversion à l’Islam la fin de semaine de Pâques, c’était un peu étrange.

Après une longue période de questionnement par rapport à la publication de ce texte personnel sur mon blogue, je me suis dit : pourquoi pas? Parce que je crois que cela te permettra de comprendre ce que nous, converti-e-s, nous pouvons vivre. Le texte que tu vas lire, c’est mon histoire. Si tu lis celle d’un-e converti-e, tu vas trouver des similitudes, mais aussi des différences. Et c’est normal. Personne n’a le même vécu dans la vie.

 

Ma renaissance

Probablement comme toi, j’ai vécu des hauts et des bas. Comme je t’ai dit, j’ai fait un baccalauréat en animation et recherche culturelles, à l’UQAM. Après ce passage universitaire, j’ai eu un gros vide. Je n’arrivais pas à réintégrer le marché du travail, et ce, malgré le fait que je sois sur tous les fronts : réseautage, bénévolat, envoi massif de c.v., etc. Mais le hasard a fait en sorte que je prenne un autre chemin. J’ai fait la rencontre de gens qui ont fait que ma vie soit autre. Deux ans après la fin de mes études, en plein printemps érable, j’ai sauté. J’ai pris un chemin que beaucoup de gens, un peu partout dans le monde, prennent après avec fait des démarches semblables à la mienne. Un choix personnel qui a fait que je change complètement de vie et qui va dans le sens opposé de l’éducation reçue jusqu’alors.

Je ne regrette pas du tout ce changement. Oui, des portes se sont fermées devant moi. Je n’ai toujours pas de travail conventionnel, mais je suis actuellement aux études pour faire une maîtrise en médiation interculturelle et je tiens mon propre blogue. Entre temps, j’ai eu un premier mariage, le décès de mon ex-mari et un deuxième mariage. Le tout entrecoupé de difficultés. Comment ai-je pu passer au travers de ça? Je n’ai aucune idée, mais tu l’as remarqué, tout finit par se passer. Est-ce de la résilience ou du courage? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que je fais seulement suivre la vague.

 

Ma conversion à l’Islam

Oui, en l’espace de quelques années, j’ai vécu de belles choses malgré les quelques bas que j’ai subis. Je sais que malgré tout, j’ai fait le bon choix. Pour tout l’or du monde, je ne reviendrais pas en arrière. En 2012, je me suis convertie à l’Islam. Dans la vie, au quotidien, il est évident que je le suis : je porte le jilbab, une jupe ou un pantalon avec un haut ample à capuche qui me cache le corps, sauf le visage et les mains. Eh oui, c’est mon choix personnel, personne ne m’a forcée à le faire. Aucun membre de ma famille n’est musulman et je n’étais pas mariée à cette époque. Mais à vrai dire, à la lecture de ce texte tu t’en es aperçu? Non, évidemment.

En me convertissant, j’ai retrouvé la sincérité, la tranquillité qui me manquait avant. Le tout s’est passé très vite, il va sans dire. Il y a eu beaucoup de remous, oui. Mais ce que l’Islam m’a apporté est énorme. Évidemment, ce n’est pas rose tous les jours. Je me suis fait traiter de « sale arabe » ou on m’a dit de « retourner dans mon pays » à quelques reprises. Et pourtant, le Québec est mon pays. J’y suis née, j’y ai grandi et j’y demeure encore.

 

Pourquoi ce changement qui peut te sembler drastique?

Tout d’abord, comme beaucoup de Québécois, le christianisme ne m’a jamais intéressée. Pâques, Noël, les mariages et les enterrements, c’était déjà trop pour moi. En plus, il y a trop de contradictions à mon goût dans cette religion. Comme le fait de croire en un Dieu unique, mais divisible en trois. Ou bien de se confier à une autorité religieuse pour demander pardon. Mais je croyais quand même à plus grand que moi. Malgré tout, je me suis apostasiée en 2010. C’était avant même de connaître véritablement l’Islam. Je t’entends me demander, mais pourquoi cette religion? Parce que j’y ai trouvé des réponses à mes questions et des similitudes avec mes convictions. Je sais très bien que ce n’est pas le cas de tout le monde. Et, en fait, je n’ai pas cherché ailleurs. C’est quelque chose qui s’est fait naturellement. Mais ce n’est pas le cas pour tous les converti-e-s à l’Islam. Certain-e-s font plus de recherches que d’autres.

Beaucoup trouvent que c’est une religion archaïque qui met trop de barrières. Est-ce ton cas? Personnellement, je ne trouve pas, car le Coran est un livre intemporel. Il s’adresse de la même manière à tout le monde, et ce, depuis plus de 14 siècles. Le message est donc le même, mais c’est la compréhension des gens qui diffère. Et jamais je ne forcerais quelqu’un à avoir la même idée que moi, ce n’est pas mon rôle. Ce que je peux faire de mieux pour que les gens comprennent la réalité des musulmans est de répondre à leurs questions et de raconter mon histoire. Ce que je viens de faire avec toi.

Ma renaissance spirituelle a eu un impact dans ma vie. Je suis heureuse qu’elle se soit produite et qu’elle m’ait permis d’évoluer vers une vie qui me semble meilleure.

Profil

Aïcha Lemay
Aïcha Lemay
Aïcha, artiste dans l'âme, est touche à tout. Curieuse, elle pose des questions et cherche à comprendre les choses qui l'entourent. Dans sa vie, elle a été musicienne, éducatrice à la petite enfance, animatrice socio-culturelle et maintenant blogueuse pour Le monde de l'autre. Actuellement étudiante à la maîtrise en médiation interculturelle, elle s'intéresse à la diversité, l'interculturalité et l'identité. Sa mission : ouvrir les esprits à la différence.
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